[RC narratif] COUP DE MAIN DANS LA BAIE DE GUANABARA

Nous, Nathanaël de Flushigny, chelavier, après long véage que nous fîmes depuis Dieppe où nous embarquâmes sur la nef du sieur Guillaume Magloire, remercions le Créateur de nous avoir en terre Brazil portés.

Gageons qu'ici mieulx qu'ailleurs nous puissions bastir Son royaume, à l'image d'icelui qu'auraient voulu construire les primes saincts apôtres. Faisons promesse qu'agarderons icelles belles colonies au nom du Roy Henry II et en françoises mains, dans l'absolu respect de la vraie foi, laquelle volons ci répendre parmi les sauvages et enforcer.

Ce avoulons faire en tote droiture ains noublesse, contre tote puissance que ce soyt, autochtone o portugalaise, icelle dernière voulons au plus tost mettre à garde et serrer.

Les joueurs s’étant accordés sur le scénario, et la compagnie assaillante, les premières étapes ici relatées sont donc factices, mais néanmoins des plus plausibles dans le cadre des règles de mise en scène de l’affrontement. On notera que les joueurs en auront l’un et l’autre légèrement profité pour appeler aux armes en connaissance de cause, ce qui n’a pas lieu d’être dans la lettre de la règle !  Ce compte rendu d’affrontement comporte 5 épisodes, dont seul le premier est publié ce jour, et concerne la mise en scène , in extenso, de l’affrontement. Entre chaque épisode, ce post est bien sûr ouvert aux commentaires

1ère PARTIE: LA MISE EN SCENE DE L’AFFRONTEMENT

Aujourd’hui sont donc opposée une compagnie coloniale portugaise menée par Barbamelha, à une compagnie d’aventuriers huguenots menée par Flushigny. La compagnie huguenote s’enorgueillissant d’une plus grande agressivité, elle se paye le luxe de lancer 3DS pour devenir la compagnie assaillante : ce choix lui réussit.  Etant navigatrice, elle choisit d’affronter la compagnie portugaise dans sa colonie brésilienne, où elle-même tient un comptoir.



Lors de l’appel aux armes qui suit, Flushigny rassemble ses troupes de la sorte détaillée plus haut. Force est de constater que la compagnie de Barbamelha est la plus nombreuse !...affichant une ténacité de 35 contre 27 pour le Huguenot et ses alliés Tupis.



Flushigny qui tient comptoir à la côte du Brésil, dispose de 4DS pour tenter de renforcer sa compagnie avec une pièce de canon : en vain...les pièces sont restées à bord du jouet des flots ! Barbamelha, mieux implanté à cette côte, dispose quant à lui de 5DS, qu’il compte mettre à profit pour élever quelque fortification, mais  ne réussit pas mieux que son adversaire …faute d’outillage adéquat ?





Flushigny  parvient à prendre la main, et à se lancer dans coup de main qui vise à capturer la délégation  missionnaire faisant étape dans le mocambo abandonné : « Non, nos amis Tupis ne sauraient tomber dans la papitude ! »…aurait-il déclaré à cette occasion ?



Fourbe à plus d’un titre, et non content s’infiltrer nuitamment aux abords du mocambo, le huguenot parvient également à se déployer entièrement au plus près du campement.





Mais la compagnie huguenote qui n’a pas ménagé ses efforts pour être la compagnie assaillante, ne dispose plus que d’1DS pour être la première à commencer de se déployer, ou non.Par bonheur pour Flushigny, l’opération dans laquelle il s’est lancé, n’est que peu sensible à ce genre de considération…

Chacune des compagnies est maintenant prise en main par ses chefs.

Les huguenots s’organisent comme décrit plus haut. Quand aux Portugais, Barbamelha, lui-même chef légitime, superstitieux, monté, en armure, et  avec la qualité de maître d’arme, commande la force principale constituée de tangomaos, civilisados et soldat, armés de piques et d’arquebuses. Moralement soutenu par Padre Eusebio, l’aumonier de la compagnie, Nicolau commande le bras le plus offensif de la compagnie, constitué de vétérans et degradados, tous spadassins ou ardents. Quant à  Jorge, il commande un groupe hétéroclite de degrados, civilisados et soldats, en partie armés d’arbalètes et d’arquebuses. C’est à lui que revient la protection rapprochées la délégation du St. Office lisboète. Joa Baptista, quant à lui, en qualité de maraudeur, se passera de tout commandement.





Le joueur en défense commence par placer le mocambo au centre de la table, ainsi que les civils:

En cette heure matinale, alors que Barbamelha et ses hommes sont partis faire de l’eau, et ceux de Nicolau partis faire du gibier, Padre de Vaca fait saine lecture aux deux jeunes nobles congolais sous l’œil attendri du novice autrichien, pendant que les autres de sa suite, vaquent à leurs occupation, et que Jorge et ses hommes se reposent dans les habitations.



Un œil plus attentif fait voir que le taquin Pepito n’a trouvé d’autre amusement que de lancer quelque caillasse sur le bon Padre de Vaca plongé dans sa lecture, non sans que cela n’échappe à au regard fort réprobateur de son cuistot de daron.



Le terrain étant dégagé il ne couvre qu’un quart de la table. Puis les éléments choisis par la compagnie en défense sont agencés par la compagnie assaillante. Enfin que la compagnie en défense tente de maîtriser quelque peu ce terrain.  



Contraints de prendre pied à couvert pour ne pas donner l’alerte,Flushigny choisit alors d’aborder son objectif ’attaquer par
l’ouest (côté gauche sur la photo).

Coaraci Patata et ses guerriers prennent pieds dans un petit bois. Sur sa gauche Guillaume Magloire et ses gentilshomes,
et sur sa droite Monsieur de Flushigny, ne font pas autrement.



Obstacle apparemment dérisoire à la manœuvre du huguenot, Joao baptista veille sur ces mêmes lisières,où Mara vient s’infiltrer face à lui...



...tandis que Gontran et Bertrand, tentent de passer inaperçus dans la broussaille.



Le moment est venu de passer à l’action…

Voilà qui est fort pédagogique!

2ème PARTIE: L'APPROCHE

S’étant placé dans une situation plutôt favorable, Flushigny donne le signal de l’attaque. Non dépourvu d’un certain panache, il ouvre le bal en donnant un ordre collectif  Avec moi !, enfonçant généreusement ses éperons dans les flancs de sa pauvre jument empêtrée dans le sous-bois.


Détail de la séquence : Bible en main, Flushigny donne le signal «Avec moi ! » - il exécute son mouvement ferme – réussi son mouvement hardi – ses hommes rejoignent sa position, non sans prendre soin de laisser Flushigny exposé au devant de sa troupe, chose jusque là sans conséquence, le huguenot se trouvant encore bien à l’abri derrière la lisière du bois.


Profitant que l’attention de Raimunda ait été détournée par les pitrerie de son garnement, Coaraci suit le mouvement, suivi par les Gentils hommes du Sieur Magloire.



A sa droite, Gontran tente d’approcher discrètement le village. Mais au nord du mocambo, João Baptista abandonné veille toujours sur les lisières, repère un éclaireur Tupi et donne l’alerte ! Un duel fratricide à coup de flèches s’engage à longue distance entre les deux hommes.



Telle une volée de moineaux, la délégation lisboète commence à s’égayer dans la nature, les uns vers l ‘est, et les autre vers le sud, tandis Jorge jaillit de se hutte avec 3 de ses hommes pour mettre sur le pied de guerre ceux qui récupèrent encore de leur longue marche dans les autres habitations.



L’effet de surprise ayant fait long feu, le sieur Magloire fonce sur le campement, appuyé par un tir de mousquet, qui fait mouche !...non sens ventiler l’oreille gauche de Gunther, le novice autrichien.



Mais le Padre de Vaca est déjà bien loin, résolu à quérir de l’aide vers l’est. Non loin de lui Roque et son fils, saisis de panique, s’enfoncent dans la forêt environnante, suivis par un des jeunes congolais qui en mène bien moins large que son compère, plutôt intrigué par la situation.



Alvaro ne demande pas plus son reste, et prend la poudre d’escampette vers le sud, suivi par l’aimable Raimunda (à propos de laquelle personne ne s’étonnera de la voir emboîter le pas à Alvaro le jardinier, plutôt que celui de son cuistot de mari). Gunther, quant à lui, garde son sang-froid et tente d’aller trouver secours dans cette même direction.



N’écoutant que son courage, Jorge décide de faire face quelque temps à la horde d’hérétique et cannibales, pour mener un combat d’arrière garde et couvrir la fuite des civils…en espérant qu’ils ne tardent pas à prévenir Nicolau et Barbamelha….



A suivre

3ème PARTIE: L'ENGAGEMENT

Mais Jorge a sous-estimé l’ardeur des hérétiques ! Au risque de s’exposer à un retour de lames, et pressé par un temps que la délégation lisboète met à profit pour déguerpir à toutes jambes, Magloire lance ses gentilshommes les plus en jambe courir sus aux portugais !



Qu’à cela ne tienne, Jorge appelle à lui le reste de ses hommes qui surgissent des habitations. Il a l’avantage du nombre et pense pouvoir faire rendre gorge aux françois en moins de temps qu’il ne faut pour écailler une morue.




Magloire lui-même est contraint de ferrailler. Quelques pistolets pétaradent sans faire grand mal, de part et d’autre les rapières rougeoient, mais le françois s’avère coriace.



Débordé de toutes parts les gentilshommes tiennent pourtant assez longtemps pour que Coaraci et ses guerriers à la cuisse fort leste, les rejoignent dans la mêlée et renverse l’équilibre des forces. Un doute fort désagréable commence à s’insinuer dans les esprits portugais…



Si au sud de la clairière, l’aimable Raimunda est parvenue s’extirper des filets français, Bertrand attrape Alvaro par le col et Gunther est sur point de tomber entre les griffes Gontran. Horrifiée par ce spectacle barbare, Raimunda redouble d’effort, faisant retentir à grand cri dans la forêt brésilienne le nom du seigneur Barbamelha, afin qu’il vienne prestement tirer de ce mauvais pas le jardinier de son cœur.

Au Nord, se jouant du grand vacarme et de la grande fumée que Monsieur de Flushigny se plait à faire à son encontre, João Baptista se montre à la hauteur de sa foi nouvelle. : « Mouchez-le ! Mouchez-le ! » aurait crié avec rage le françois à ses engagés. C'est que bien qu'à lui seul João Baptista constitue un bien maigre rempart, le huguenot ne peut l'ignorer, au risque de se voir orné d'une vilaine flêche entre les omoplates. Nul doute qu'en pareille cas les françois serait bien en mal de poursuivre efficacement leur action.



La plupart des civils étant hors de danger, et la mêlée engagée dans le mocambo demeurant incertaine quoiqu’à l’avantage des assaillants, à ce moment médian de l’action, la ténacité de la compagnie portugaise, bien que largement amoindrie par les pertes et la capture d’Alvaro et de Gunther, est encore équivalente à celle de son adversaire (environ 15 pts  de ténacité de part et d’autre). Le sort de la compagnie dépend maintenant de l’arrivée de Barbamelha et Nicolau au secours de Jorge et sa troupe.




A suivre

4ème PARTIE: L'ESPOIR

Nicolau, alerté par Padre de Vaca, est le premier de retour sur les lieux du drame. Laissant choir leur gibier, ses hommes semblent cependant quelque peu fourbus, à en juger par l’empressement modéré qu’il montre à suivre leur chef...



Le temps presse ! Dans le mocambo abandonné Jorge donne le meilleur de lui-même, retardant du mieux qu’il peut l’issue de ce combat inégal, tandis que Gontran et Bertrand trottent tranquillement, trainant avec eux Gunther et Alvaro en bien humiliante posture.



Les cris désespérés de l’aimable Raimunda n’ont pas non plus été vains. Débouchant par le sud de la clairière, Barbamelha met ses hommes en ordre de bataille…



Sous l’œil toujours intrigué du flegmatique jeune noble congolais, Jorge en est maintenant réduit à se battre à un contre deux.Tiendra-t-il encore suffisamment longtemps pour enfermer les françois dans leur propre piège, pris en tenailles entre les piques de Barbamelha et les rapières de Nicolau ?



A suivre...

C’est alors que, dit-on, serait apparu dans le ciel l’ombre de Michel Mâchemisère (plume-poulet de mauvaise augure bien connu outre-mer en ces temps troublés). De fait, au moment où la nasse portugaise semble sur le point de refermer sur le mocambo, le moment advient où coup de sur coup, Jorge et ses hommes, après avoir pourtant occi tous les gentilshommes hormis le sieur Magloire, viennent à mordre la poussière.



Seul subsiste pour distraire les cannibales, le dénommé « Diogo Diabo », prêt à vendre chèrement, ici ses jarrets, et là sa couenne.


 
Sa compagnie étant maintenant réduite à 1 point de ténacité, contre 13 pour le compagnie huguenote, Barbamelha n’a plus d’autre choix que de prendre tous les risques: il tente de faire appel à la fureur de sa troupe…en vain ! (Michel quand tu nous tient !)



Barbamelha pour qui l'heure n'est plus à se soucier de laisser quelque trainards derrière lui, accélère alors le mouvement, prêt à fondre sur Gontran et Bertrand et leurs infortunés captifs.



Percevant malgré le fracas des armes la voix de stentor de son chef, Diogo se bat avec l’énergie du désespoir. Dans un ultime effort il parvient à tenir en échec la multitude des assaillants.



Mais Diogo succombe à son tour, à un moment que les huguenots ont loisir de juger fort opportun.



En effet, la compagnie portugaise ne doit plus de tenir encore droite sur ses jambes qu’à la harangue de son capitaine l’exhortant à poursuivre le combat.



Résolu ne point laisser respirer le huguenot en cette heure fatidique, Barbamelha renouvelle son appel à la fureur. Il est cette fois entendu, parvient à engager Gontran, et une poignée de ses tangomão à fondre sur Bertrand, lequel se voit mis en funeste coupe, ...et Gunther ainsi libéré !



Ledit Bertrand ayant lamentable libéré Alvaro pour mieux se prémunir de la foudre portugaise, Barbamelha est maintenant directement engagé par Monsieur de Flushigny , qui relève le gant non sans s’assurer d’être copieusement soutenu dans cette acte de « bravitude ».



L’heure de gloire portugaise fait néanmoins long feu. Arrivant à marche forcée à la tête de ses vétérans par l’ouest du mocambo, Nicolau se fait cueillir par une flèche tupi!  Au sud c’est un homme de Barbamelha qui, ivre de rage alors qu’il tente de faire sauter la caboche d’un mousquetaire huguenot d'un coup d'arquebuse, touche par malencontre l'infortuné novice autrichien qui tombe raide mort,...mais libre !



Alors que  leur capitaine se bat comme un lion, à l’ouest du mocambo seuls quelques hommes de Nicolau, moralement soutenus dans cet élan du coeur par Padre Eusebio, se lancent dans un dernier baroud ; ce qui n’est point le cas de la troupe de Barbamelha qui, n’entendant plus son chef, préfère se réfugier dans un marais tout proche!



Tout  épuisé, tout secoué, et passablement enroué (qui a dit flou!??..), le capitaine portugais ne parvient plus à tenir sa compagnie copieusement désorganisée. Au terme de son neuvième tour, l’affrontement se solde donc par un inavouable fiasco portugais.




Ah !, si ses hommes l’avaient écouté jusqu’à la dernière extrémité, au moins l’honneur du Portugal aurait-il été sauf !

Ah !, si Pepito et son cuistot de père n’avaient glané quelques mets de mère nature dans leur fuite, Nicolau serait arrivé plus tôt, et Coaraci mis en fâcheuse posture…

Ah !, si la peste chevaline avait emporté les montures de Gontran et Bertrand, Barbamelha aurait pu revenir à temps !

Ah !, si….ah!..si….

Superbe, je vous jalouse
Ludiqument

Bah, ce n'est qu'une question de temps, avant que tu puisses partager nos joies ludiques. Tes "Arumbayas" ne perdent rien pour attendre! ...et la règle a même une occurrence "Aut novi generis plenas ira ignotas bestias" tamanoir par laquelle ton tamanoir ou le sympathique compagnon du chamane de la forêt pourront participer